Ozh au LA3,
ou les Aventures de Gérard Gétouperdu (dit gg)

La rencontre France - Angleterre

De mon point de vue, c'est l'événement phare du lan. Je ne pense qu'à ça depuis une semaine, je saoule tout le monde au boulot avec, je suis concentré au plus haut point, j'ai le stress qui me ronge les ongles, je suis à 200% dedans.

Quelques jours avant le lan, pour cause d'absence regrettée de Ward, il a été convenu que je serai le coach de l'équipe pendant ses matchs. A vrai dire, je ne connaissais pas le principe, que Ward avait découvert quelques mois auparavant à la Rapture en Ecosse : un cinquième joueur est derrière sa team, et pilote les 4 autres. Grâce à sa vision globale du jeu, il doit donner en temps réel des indications à tous les joueurs, des renseignements sur les zones stratégiques, et des ordres au coup par coup selon la situation. N'ayant jamais "cautché" une équipe en direct, je me demande à la fois si je serai bon dans cet exercice, et quelle pourrait être ma plus-value.

Pendant les quelques matchs d'échauffement de la team, je m'essaye à ce jeu. Je pense ne pas trop mal me débrouiller, et je me rends compte rapidement qu'un coach est un avantage monstrueusement énorme. C'est crevant, je m'agite furieusement debout derrière les 4 joueurs, je parle sans arrêt, je dois ne rien perdre de ce qui se passe sur 4 écrans à la fois et être ultra concentré, c'est carrément aussi excitant que de jouer :) J'adore !!

On fait quelques matchs de rodage : c'est la dernière chance pour décider de qui va jouer parmi les titulaires potentiels, qui va occuper quel poste stratégique. En accord avec ma conscience et celle du capitaine de l'équipe, on arrête finalement notre choix : l'équipe française sera constituée de Trauma, Denpxc, DeepOs et Waldar.

Je mets au point ou confirme les derniers préparatifs de la rencontre avec le leader anglais, Rauper : nous jouerons donc avec coach, en TP 2 (on peut faire du teamkill donc prudence), sans proxy, avec power ups, sur q2dm1 et q2dm3. On tire les skins à pile ou face, et on se serre la main. C'est beau :)

Il est plus de minuit, on peut commencer les matchs. Je suis tellement concentré que ça fait comme dans les films : je marche au ralenti, les gens autour de moi me parlent et font du bruit mais je ne vois rien, je n'entends rien, je suis quasiment en apesanteur, je ne vois plus que les 4 moniteurs de ma team et je ne pense qu'au match.

C'est parti.

Premier match sur q2dm1. Les anglais démarrent en trombe : en quelques secondes il y a 10 à -2. L'écart se creuse encore, puis se stabilise et les français commencent à accumuler les frags.

Je ne vais pas faire un résumé du match minute par minute : les démos seront là pour parler mieux que moi. Denpxc enquille une série de rail splendides, Trauma défend corps et âme son rocket launcher du bas, Waldar place une totale confiance aveugle en mes ordres et DeepOs fait du grand DeepOs, mais rien n'y fait, on ne remonte pas le déficit de frag créé au départ.

Le premier match se termine par un score de 121 à 95, ce qui passé le premier soupir de relachement me paraît très encourageant. Les anglais sont, ils l'avouent, surpris : Blokey, félicité par DeepOs, est tout excité. Il est content d'avoir gagné, certes, mais d'autant plus que la victoire n'a pas été aussi facile qu'ils ne l'espéraient. Ses yeux brillent, il trépigne du haut de ses 1m40 et il répète 5 fois "great game great game !!"

On reprend nos esprits. La prochaine map sera q2dm3, et je suis plus confiant : depuis le départ, mon objectif inavoué est de créer la surprise sur dm1 et de gagner dm3. La première partie de l'objectif est atteinte, faut maintenant continuer. Dernières recommandations, dernier rappel : "On joue en TP 2 les gars hein, donc gaffe au teamkill, surtout au quad !"

Go.

Premier respawn d'un français près du rocket launcher, il s'en empare et fonce prendre l'invulnérabilité. Malheureusement il rate la marche en descendant et va voir si la lave est aussi chaude qu'on le dit. Damn. Pas grave, on se reprend, go go go! Trauma, le quad maniac de la team, se démène pour timer le quad aussi bien que pendant les entrainements. Den installe son bunker et des barbelés autour du railgun. Waldar monopolise tous les rocket launchers et en distribue a qui en veut. Mais petit à petit, on se rend compte que notre stratégie n'est pas adaptée : les brits font complètement l'impasse sur le RL, qu'il ne viennent rigoureusement jamais chercher. Je suis assez déstabilisé par cette attitude, ayant toujours considéré que dans cette map étroite aux murs rapprochés et enclins au splash damage, le RL est une arme vitale. Waldar qui campe cette zone remue comme un pit bull enragé : il distribue les RL à la team, certes, mais ne fragge aucun anglais. "Ozh faut que j'y aille faut que j'y aille !! Faut que j'aille fragguer je fais rien là !!" Je manque clairement d'initiative et d'intuition sur cette map, complètement obnubilé par la surprise qu'a créé chez moi la désertion anglaise du RL, et je m'attends toujours à une reprise massive de la zone par les anglais. Finalement j'envoie aussi Waldar en attaque, mais probablement beaucoup trop tard. Je ne suis pas un bon coach sur ce coup-là, j'ai beaucoup trop hésité à ré-ajuster à la volée la stratégie française.

Les anglais dominent complètement la map, coupent l'accès au quad et ont une formation extrèmement défensive. Le match se termine sur le score sévère de 138 à 58. Argh...

Pause pipi clope, et petit debriefing sur la map : j'ai loosé sur l'organisation, amenez moi un BFG que je me pende. Je m'attendais à plusieurs variantes stratégiques des anglais sur cette map, mais pas du tout à celle-là.

Bon. Ca fait 2 victoires à zero pour les UK, c'est vraiment le moment où jamais d'en encaisser une. Justement, on va de nouveau jouer sur q2dm1, et là on le sait, on le sent : on PEUT gagner.

4... 3... 2... 1... Fight !

Le match commence beaucoup mieux que lors de la première q2dm1. Les anglais prennent une petite avance, puis on remonte, l'écart des frags diminue, aux environs de la mi-temps seulement 6 points séparent les 2 teams !! J'essaye de timer le RL du bas, le RL du haut, DeepOs me donne son top des 20 secondes pour le super health. Moment jouissif de coach : vers la piscine, Denpxc échange des gentillesses à coup de rail avec un anglais qui lui échappe par le sous-sol en direction de l'arène centrale. Je hurle : "Trauma !! Un anglais sort de la cave !!" Trau achève son adversaire du moment et balance en aveugle 2 rockets vers l'escalier qui monte du sous-sol : chprotch, le brit se déguise en petits bouts de gibs. Yaha :)

Dans les 4 ou 5 dernières minutes, les anglais n'ont toujours pas craqué et gobent un cachet d'EPO pour accélérer la cadence. Ils reprennent peu à peu de l'avance, et gagnent la map, 112 à 84. Floodage de "gg" des 2 côtés.

Pchiiiiiouuu...

La pression redescent. Bon, on a perdu la rencontre, c'est désormais officiel.

Je reprends contact avec mon corps : je suis exténué, j'ai mal au dos à force de m'agiter debout derrière mes ptits gars, il doit etre aux alentours de 3 ou 4 heures du matin. Je vais gg-iser de vive voix les rosbz qui ont tous un énorme chapiteau sous le pantalon (métaphore sponsorisée par Wayne et Garth). Bon, il était convenu que tant qu'on ne se mettrait pas dessus, nous jouerions quoi qu'il arrive les 5 maps. Les anglais n'ont pas l'air trop crevés : faut dire qu'ils sont arrivés les mains dans les poches à 13 heures. Dans le camp Français, c'est le relachement, la dépressurisation. Trauma se laisse gagner par la fatigue. J'essaye de remotiver la troupe : "Bon allez les gars, on termine vite fait. DM3 puis DM1, finissons-en, on est nazes"

Rapide réassignation des postes pour essayer de contrer la formation anglaise, et c'est parti.

Mais on le sent, les batteries sont à plats. Je suis moins énergique, Trauma dérape sur une texture visqueuse et prend un bain de lave, j'oublie le timage du troisième Invulnérability. J'ai des périodes de silence de pratiquement trente secondes, j'essaye de puiser les restes d'énergie dont je dispose. Je suis lessivé. Le match se termine sur le score de 140 à 67, les anglais n'ont pas relaché la pression, et nous ne l'avons pas vraiment mise.

Allez, encore un match et on va se coucher. Dernière manche sur q2dm1, je suis sur les rotules, j'imagine que les 4 français sont largement aussi crevés. On conserve la même stratégie, mais les tirs sont moins précis, les attaques moins fulgurantes, et on oppose une résistance pas très convaincue. Ca va bientôt faire 24 heures que la plupart d'entre nous est debout, et la motivation pour la victoire n'est plus là pour nous maintenir efficaces. Le match se passe sans douleur, ni pour les anglais qui n'ont pas mal, ni pour les francais qui ne sentent plus rien. Le score final est de 139 à 50, j'ai du mal à le lire tellement j'ai les yeux qui piquent de fatigue.

"Well. GGs guys. We weren't as motivated as we were for the 3 first maps, but we really enjoyed it". Les UK sont aussi jouasses qu'ils sont en droit de l'être, prennent quelques photos, on se serrent les mains, pour un peu on échangerait presque nos t-shirts comme au foot s'il n'y avait pas cet affreux drapeau UK sur le leur :p

Il est grand temps de s'écrouler comme une vieille merde dans un coin pour pioncer un bon coup. Je passe à la voiture chercher mon matelas de lan et mon duvet, et je m'installe à l'écart, sur la mezzanine. Il est pratiquement 7 heures du matin, je m'endors comme un mort en moins de 5 secondes chrono.

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